Nicolas Marcillaud - 20 août 2020

<aside> 🇮🇸 Conseils pour naviguer en Islande

</aside>

Une navigation en Islande fait rêver beaucoup de marins. Les paysages de cartes postales, les côtes déchirées, les grands fjords plongeant dans la mer à la verticale, le peuplement limité du pays… bien que touristique et très civilisée, l’Islande conserve l’image d’une terre d’aventure, paradis des trekkeurs ou amateurs d’off-road en 4x4, moto ou VTT. L’idée d’y aller en bateau relève pour beaucoup de plaisanciers de l’ordre de l’expédition, nécessitant un navire bien préparé, un équipage aguerri. Cette présomption de difficulté est renforcée par la mythologie des pêcheurs d’Islande, endurant de longs mois les affres de mers toujours déchaînées, dans les livres, les films ou les documentaires.

Baladin est allé en Islande en juillet-août 2020, au cours d’un périple Atlantique qui a également mené son équipage, parti de La Trinité sur mer, en Irlandes, aux îles Hébrides, aux Féroé, aux Shetland et en Norvège. Arrivés par l’Est, nous avons fait le tour de l’Islande par le Nord. Arrivés à Reykjavik, nous avons ensuite poursuivi plein est, bouclant la boucle avant de continuer droit vers les Feroe, étape sur la route de la Norvège.

Bien qu’elles furent peut-être plus froides, les navigations islandaises furent les plus agréables de ce périple. En effet, le climat sec islandais réduisait la pluie à des bruines. Les semaines entières de pluie que nous avions connues en Irlande, en Ecosse aux Feroe, étaient bien plus difficiles à supporter. En revanche, les navigations y furent également plus techniques. La géographie islandaise, ainsi que la situation de l’île dans les vents et courants dominants de l’Atlantique Nord, induisent à certain nombre d’effets spécifiques à prendre en compte. Les conditions sont plus complexes que le « soit trop de vent, soit pas assez » que l’on entend parfois. S’il est certain que les effets de site et les thermiques des fjords se laissent apprivoiser, il est difficile de se passer totalement d’un mode de propulsion alternatif à la voile. Les vikings naviguaient à la rame, et, comme aux feroe ou en Scandinavie, c’est principalement ce mode de propulsion qui fut utilisé par les pêcheurs locaux jusqu’au début du XXème siècle, la voile ayant un rôle d’auxiliaire.

Aller en Islande

Quand aller en Islande ?

Je suis arrivé en Islande au tout début du mois d’août, et en suis reparti à la fin. Cette période est généralement considérée comme tardive, les conditions météorologiques se dégradant rapidement dans l’Atlantique Nord se dégradant à partir de la mi-août. Le rythme des dépressions, notamment s’accélère.

En ce qui nous concerne, nous n’avons pas rencontré de difficultés particulière. Début août, nous avons patienté une semaine aux Feroe avant de rejoindre l’Islande, laissant passer une dépression. Puis, avant de repartir d’Islande, nous avons à nouveau patienté trois jours, cette fois-ci pour attendre le vent, une solide pétole s’étant installée sur tout le Sud de l’île.

En naviguant le long des côtes islandaises, nous avons plusieurs fois souffert du manque de vent. Nous n’avons rencontré qu’un seul coup de vent, annoncé par la météo mais que nous pensions précéder, à la pointe Nord-Ouest de l’Islande, avant d’arriver à Isafjordur.

Le long des côtes islandaises, les pêcheurs, et de très rares plaisanciers, naviguent toute l’année. Toutefois, les marins locaux déconseillent de traverser après la mi-septembre, et ce conseil me semble raisonnable. Au printemps, les météos favorables s’installent à partir du mois d’avril.

Dans tous les cas, il est indispensable de disposer d’un bateau bien préparé et capable d’affronter des coups de vent.

Arriver en Islande

Les fjords de la côte Est constituent un bon point d’atterrissage depuis les Feroes. Plus au Sud, on trouve les villes de Hofn et… Peu d’abris sont accessibles sur la côte Sud. Enfin, il est possible d’atterrir directement à Reykjavik. Pour ma part, j’ai fait le choix d’arriver des Feroe à Seydisfjordur, sur la côte Est, et de repartir, à nouveau vers les Feroe, de Reykjavik. J’avais choisi Seydisfjordur parce-qu’il s’agissait du point d’arrivée du ferry reliant l’Islande aux Feroe et à la Norvège. L’abri fourni est toutefois limité, et je pense qu’il ne s’agit pas d’un très bon point d’arrivée. En-dehors du terminal du ferry et de la fabrique de poisson, le village ne compte rien d’intéressant et aucun service potentiellement utile n’est accessible. Les voiliers ne peuvent accoster qu’à un ponton en face de la fabrique de poisson, totalement exposé aux vents thermiques et au clapot du fjord. Le ponton est heureusement protégé par d’épais pneus, comme c’est le cas dans la plupart des ports islandais.

Les gardes-côtes islandais demandent aux bateaux étrangers de se signaler avant d’arriver en Islande. A moins que vous ne disposiez d’un moyen d’un téléphone satellitaire à bord, ils apprécieront donc que vous leur communiquiez votre destination et date d’arrivée prévue avant le départ, par exemple par email.