En mai, j'écris peu. Nous randonnons à Vega, grimpons aux Lofoten et randonnons à nouveau à Senja, et dans les Alpes de Lyngen. Les navigations sont moins longues. Nous parvenons à nous abriter du coup de vent qui frappe le bien connu Stad, puis alternons entre courtes navigations protégées par l’archipel qui couvre toute la côte norvégienne et plus longues traversées au large, pour couvrir la distance.
En fait, je pense que je ne suis pas vraiment contemplatif. C'est l'objectif qui m'intéresse, pas vraiment le chemin. Et je ne prends pas beaucoup de plaisir à nos escales norvégiennes et nos randonnées à terre, même si je suis content de découvrir ce pays, sa géographie et la navigation le long de ses côtes. [...] En attendant, le Nord nous offre le printemps le plus délicieux qui soit.
En France, il paraît qu’il pleut. Dans les Lofoten, nous grimpons sous un ciel froid mais éclatant.
Sur une petite plage, nous bivouaquons et dégustons le cabillaud pêché la nuit dernière. Au réveil, nous escaladons la falaise sous laquelle nous avons dormi. Peut-on rêver meilleur mouillage ?
Théophile cherche désespérément une faille assez large pour utiliser le coinceur XXL qu’il a acquis avant le départ.
Nous sommes à la fin du mois de mai, mais la grande île de Senja est encore couverte de neige. Grands ouverts face à l’Océan, ses fjords me rappellent l’Islande et j’y retrouve les mêmes effets de site. Devant chaque fjord, un vent thermique irrégulier et entre leurs gueules, la pétole.
A Terre, les cols qui surplombent les fjords marquent un passage brutal entre le printemps et l’hiver. D’un côté, la face exposée à l’océan est raide et sèche. De l’autre, une vaste étendue de poudreuse en pente douce entrecoupée de lacs gelés s’ouvre soudainement.
Senja, c’est un peu l’Islande en modèle réduit.