Adieu, Svalbard ! À bientôt.

*Mercredi 28 juillet

Nous sommes prêts à partir... Bateau rangé, estomacs remplis, pleins d’eau faits et régulateur remonté. Je souhaite être à la hauteur de Bjornoya avant samedi afin de pouvoir nous y abriter si le vent fort se confirme. Ne manque plus que le vent pour partir...

Nous sommes plongés dans un épais brouillard et même les torchons étendus sur les filières ne parviennent pas à vibrer tant l'air est calme.

Les morses viennent de nous rendre visite. Ils semblaient curieux et tournaient autour de Baladin, frôlant sa coque avant de sortir haut leur tête en-dehors de l'eau et de nous asperger en expirant.*

Morse-retouchée-1.jpg

marse2-retouchée.jpg

Mercredi 28 juillet - suite

*La colonie qui dort sur la plage (...) semble encore plus nombreuse que celle de Moffen. L'ours qui est sur la plage depuis ce matin a tenté d'approcher un morse isolé à quelques mètres du groupe, mais il a rapidement tourné les talons aux premières réactions du morse.

Alors que nous venions de débarquer sur la plage, ce matin, ce même ours, que nous avions pris pour une pierre ou une plaque de neige, nous a forcé à rembarquer immédiatement et à renoncer à notre incursion terrestre et au protocole OSPAR. Après Sundbukta hier, c'est la deuxième fois en deux jours que cela nous arrive !

A Sundbukta, je ne le repérais que juste avant que nous atteignions la berge caillouteuse, alors que je cherchais du regard où nous allions pouvoir hisser l'annexe. Il était bien plus proche ! Quelques dizaines de mètres, et en surplomb. Dans les deux cas, nous étions sous leur vent, ce qui m'incite à penser qu'il n'y avait pas de danger important. (...)

Plus que 2000 milles à parcourir pour rentrer à la maison ! (...) Arriverai-je en France avant la fin de l'été, et la rentrée ? En ai-je envie ? Que vais-je y faire ? (...) Le fait que l'expédition soit raccourcie me fait envisager avec moins de plaisir le retour au pays (...), car d'une certaine manière, j'aurai moins mérité le repos, les vacances, la nourriture, le confort... Et j'arriverai lorsque pour tous, le temps de la détente et de l'amusement prendra fin ; la fin de l'été et des vacances, la rentrée.*

*Mercredi 11 août 2021

Je découvre une manière de naviguer complètement différente de celle à laquelle je m'étais habitué l'année dernière, dans l’Atlantique Nord. Sans s'épuiser, sans subir, sans tenir au moral, sans arriver en vrac. En étant trois, en n'étant pas surtoilé, en entretenant, rangeant et réparant au fur et à mesure.

Je n'arrive pas, toutefois, à trouver de connexion avec la mer. Le garmin, le réseau mobile près des côtes et le GPS, bref, le cordon ombilical qui me raccroche toujours à la terre et m'épargne réflexion et doute, m'en empêche. Pour la trouver, je pense qu'il me faut naviguer sans ces outils, apprivoiser le sextant, ressortir les méthodes d'estime et de pilotage.

Peut-être, aussi, être seul à bord. Je retrouverai ainsi d'une part l'incertitude de la navigation, l'égarement, et d'autre part l'isolement, l'autosuffisance, et une certaine forme de solitude que l'on pourrait aussi nommer indépendance. La mer, mon bateau et moi. Ce que raconte Moitessier, que je visualise mais n'arrive pas à ressentir.*

Ce n’est pas un constat triste. C’est une espérance et un objectif.

Je sais désormais mieux ce que je dois chercher, et je commence à avoir une idée plus précise de la manière dont je peux l’atteindre.

<aside> ➡️ Suite du journal : Semaine 14. Coucher de soleil.

</aside>


Expés précédentes :

Liberté, autonomie et légèreté en milieu arctique. Expédition amphibie sur la côte Est du Groenland.

Freedom, autonomy and lightness in the Arctic. Amphibious expedition on the East coast of Greenland.

De la baie des phoques à la baie des ours

Naviguer en Islande

Naviguer aux îles Feroe

Suivez-moi sur Instagram ou contactez-moi par email : [email protected]

https://apption.co/app_forms/04bb328e

Tous droits réservés - Nicolas Marcillaud

Site réalisé avec Notion, Fruition et Cloudflare.